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» Tout gamin, j’ai découvert la haute montagne grâce à des amis accueillants. Et je rêvais, horizon impossible, d’être guide. Le rêve s’est concrétisé et le gosse est devenu guide. Merci les amis. J’ai bien conscience que ce rêve est un cadeau de la vie à partager. Ma situation sociale m’a mis à l’écart des soucis matériels et je crois en l’espérance pour tous.
Un jour, nous devisions avec un ami, Raphaël, sur l’injustice par rapport aux vacances à la montagne. Il est comme moi passionné de montagne et a les moyens de s’offrir un guide pour parcourir la haute montagne. Et nous découvrons tous les deux que notre société dite du loisir, a, en fait, créé une frontière nouvelle. Les personnes pauvres ne peuvent pas franchir seule cette frontière, c’est un scandale.
Nous voulons dénoncer cette injustice qui est une perte de chance pour notre société comme pour les personnes concernées. «
Hugues Chardonnet, guide de haute montagne, médecin et diacre, n’est pas de ceux qui pensent qu’il suffit d’offrir aux pauvres juste de quoi vivre. L’accès à la haute montagne, pour lui, c’est juste une question d’outil.
Nous ne sommes pas en contact direct avec les plus défavorisés de la société. C’est pourquoi nous créons des liens avec des associations présentes auprès des personnes pauvres. Amis du mouvement ATD Quart Monde, nous avons tout naturellement travaillé en premier avec ATD (Agir Tous pour la Dignité).
Ainsi nait le projet 82 4000 dans lequel nous invitons rapidement un groupe d’amis alpinistes, professionnels et amateurs de tous niveaux.
82-4000 organise des séjours de découverte de la haute montagne avec des personnes en situation de pauvreté ; nous espérons faire naître chez quelques-uns une passion nouvelle.
Pour faire connaître 82-4000 et faire vivre l’association, l’équipe des alpinistes de 82-4000 fait le pari fou de réaliser l’ascension des 82 sommets de plus de 4000 des Alpes. C’est le rêve de beaucoup d’alpinistes, le nôtre aussi. Chaque ascension est l’occasion de réunir des fonds pour financer les stages de montagne avec les personnes en situation de pauvreté. C’est bien sûr aussi l’origine du nom du projet et de l’association.
Nous avons débuté sans aucun moyen financier, nous sommes redevables envers les partenaires qui nous ont fait immédiatement confiance malgré notre manque d’expérience et de recul à l’époque.
Chacun des séjours mériterait à lui seul d’écrire un livre. Découvrez ici les dates des stages 2016.
LES ACTIVITÉS PRATIQUÉES :
Sport :
– Stages hiver : ski de fond, ski de piste, cascade de glace, escalade
– Stages été : escalade, via ferrata, montée en refuge, alpinisme sur glacier, VTT. (rafting, pêche exceptionnellement)
DÉCOUVERTE DU MILIEU MONTAGNARD :
– Rencontre avec des bergers, gardiens de refuge, anciennes et anciens du village, athlètes ; visite de ferme, visite de producteurs agricoles, musée montagnard, faune, flore.
Beaucoup de participants vivent leur premier contact avec la montagne. Certains n’ont jamais quitté leur quartier. Ils ressentent fortement cette appréhension que l’on connait tous au pied de ces géants de la nature que sont les montagnes.
Nous sommes sur un pied d’égalité, et le faisons partager dès l’accueil de chacune et chacun.
La confiance est possible, c’est une découverte pour certains. La confiance s’installe avec les guides qui rassurent, expliquent ; avec les accueillants ; avec la cohésion du groupe ; avec la fierté naissante. Pour certains c’est la première fois qu’ils sont considérés avec respect, amitié par des personnes étrangères. Lorsque Hugues raconte son expédition sur glacier avec des Manouches de la région parisienne, il confit: « Leur plus grande surprise? L’accueil chaleureux de la gardienne du refuge. Ils m’ont dit: « On nous parle comme à des messieurs » « .
La rencontre se produit de façon étonnante. La gardienne du refuge, les alpinistes, professionnels ou amateurs, sont parfois les plus touchés, émus par la confiance qui leur est faite et par l’enthousiasme de ces découvreurs de la montagne.
Le départ est difficile, presque à chaque fois des larmes coulent. Des liens se sont créés, bien précieux. Il n’y a pas de frontière sociale infranchissable semble nous dire les participants.
TÉMOIGNAGES :
« Ma parole, jamais de ma vie j’aurais cru faire un jour un truc pareil ! »
« Pendant cette semaine, on passe par toutes les émotions possibles : joie, émerveillement, peur, excitation, angoisse, sérénité, tristesse…… On découvre, on prend confiance, on s’entraide… »
« Quand tu fais des activités comme ça pour la première fois, tu ne pars pas serein, tu imagines tout! La première fois c’est très difficile de vaincre sa peur. »
« Le paysage c’est un truc de fou, tu ne vois ça qu’à la télé à l‘origine! Quand tu entends parler des alpinistes sur les sommets et là on y était. »
« J’ai été reçu comme un Monsieur au refuge, je savais pas quoi faire. »
« Pour commencer l’équipement c’est un truc de fou! Qu’est-ce que c’est que ce truc là… Déjà quand on a été cherché l’équipement je n’étais pas bien, je me suis dit là on s’est engagé dans quelque chose de fou ! On était encordé les uns aux autres, donc on était tous plus ou moins dépendant des autres, et du coup il s’est créé des liens, il y a eu une solidarité énorme, ce qui a permis après je pense, de passer un très bon séjour parce que justement on était ensemble, On était tous attaché donc on n’avait pas le choix, il fallait s’entendre, s’accorder, s’entraider. Ce n’est pas je te pousse dans la crevasse tu m’énerves… c’est un truc de cinglé…. Si on m’avait dit un jour que j’irais sur un glacier, marcher sur un glacier, je pense que je ne l’aurais jamais cru, c’est un truc que je n’aurais jamais fait moi toute seule. »
« Si je suis capable de monter sur un glacier, ce n’est pas un entretien d’embauche qui va me faire peur! Et ils ont bien voulu de moi, j’ai trouvé un CDI ! Je n’ai pas eu peur lors de l’entretien. Je me suis dit : si je suis montée sur un glacier, j’ai fait de l’escalade donc un entretien c’est rien, on y va tranquillement. On se sent plus sûr de soi, on est capable de réaliser des choses qu’on ne pensait pas. »
Hugues, toute l’équipe de 82-4000 et les volontaires d’ATD